Beni Snassen  

La plupart des fractions des Beni Snassen habitent des Dechras entourées de vergers dans les vallées arrosées, ou de massif de figuiers de Barbarie dans celles qui sont pauvres en eau ; le seul groupe important qui vive entièrement sous la tente est celui des Beni mahiou. Les Beni Snassen occupent le pâté montagneux qui porte leur nom, ils débordent dans les plaines de Triffa et d’Angad, où ils font leurs principaux labours; cette confédération parle la langue Berbère.

Les Beni Snassen sont en majorité Zénètes, ils comprennent néanmoins quelques fractions d’origine arabe ; on prétend, en outre, que les fractions dites El Beqia descendent des romains d’Afrique, qui auraient en particulier donné naissance à une peuplade de la montagne connue sous le nom d’Oudjda Kerchillou. Quelle que soit la race à laquelle appartenaient les anciens autochtones, ils ont certainement été refoulés ou absorbés par les envahisseurs. Les Zénètes, qui habitaient principalement l’Aurès, ont dû se porter sur l’Ouest au commencement du VII° siècle, après la défaite de la Kahina par les Arabes. En 1068, les Zénètes étaient en grand nombre dans la province d’Oran ; leur principale vile était Tlemcen qu’El Bekri appelle «  le centre des tribus berbères » ; ils devaient être là depuis longtemps. D’après la tradition, les Beni Snassen actuels étaient installés prés de Mascara, la conquête musulmane les refoula ensuite dans montagne où ils sont maintenant ; ils furent contraints de chasser, après de longues luttes, les Beni lelloul qui l’habitaient. Les Beni Ouallas, fraction des Beni Merine, auraient été parmi les premiers occupants Zénètes du massif et des plaines avoisinantes. Plus tard, les Zénètes durent se cantonner dans la montagne, quand les Arabes makiliens s’emparèrent des plaines. Les différentes fractions qui composaient à cette époque le groupe des Beni Snassen se sont souvent modifiées depuis, certaines ont disparu ou ont quitté le pays comme les groupes importants des Oulad Ibrahim et des Rousma, d’autres au contraire sont arrivées de l’extérieur. Quelques fractions passent pour être d’origine juive, mais, si le fait est exact, il est probable qu’on se trouve en présence de descendants de judéo-berbère ou de berbère judaïsés. les Beni Snassen se fractionnent actuellement en quatre tribus, qui sont de l’Est à l’Ouest du massif : les Beni Khaled, les Beni Mengouch, les Beni Mahiou, parce que quoique faisant nominalement partie des Beni Ourimeche, auxquels ils sont inféodés, ils ont néanmoins une vie tout à fait à part.

Beni Khaled.- La tribu s’est formée sous le patronage de Sidi Khaled, chérif édrissite qui a son tombeau vers Aïn Temouchent, en Algérie ; s’il existe dans la montagne des descendants de ce saint personnage ils se trouvent probablement chez les Ahel Taredjirt. Les Beni Khalef comprennent trois grandes fractions : les Ahel Taredjirt, les Beni Drar et les Oulad Ghazi.

1° Ahel Taredjirt ; ils sont en majorité Berbères et habitent des maisons.

Les principales sous-fractions ont des origines diverses : les Ibeneharen sont en partie originaires des Oulad Nehar ( Arabes d’El-Aricha ) ; les Oulad Zaïm sont en partie originaires des Oudeïa ; les Bou  Allal seraient sortis des Beni Yala ; les Rehamna se disent cheurfa édrissites, les Oulad Ghaïou seraient Beqia ; les Becharir sont très mélangés. D’autres sous-fractions, également très anciennes dans le pays, ont des origines inconnues, telles sont : les Ahel Tagherabt, les Nedjadjera, les Oulad el Gadi, les Beni Talest.

2° Beni Drar

Ils sont surtout Arabes; beaucoup vivent sous la tente.

Sous-fractions: Ahel Tanout, ils se disent cheurfa édrissites venus de l’Ouest et auraient pour ancêtre Sidi Youcef el Hadj; les Beni Segmimane, on les croit originaires des Beni bou Saïd, du territoire de Marnia; les Kizennaïa, originaires du Rif; les Oulad el Hammam, issus des Arabes de Garet, à l’Ouest du massif des Kebdana et vers l’Aïn Zahio; El Aïdane, originaires des Beni Mestar, prés de Tlemcen; les Oulad Aïssa auraient des frères chez les Oulad Mansour, parmi eux se trouvent les Aarara, originaires des Beni Yala, et les Oulad Tahar, originaires des Beni Guil; les Oulad Hammou, venus des Hamyane; les Cheraga, issus des Oulad Mimoun, à l’Est de Tlemcen; les Oulad Tadjer, originaires du Rif; les Oulad Meryem, ils seraient Beqia.

3° Oulad Ghazi.  

Ils sont presque tous Berbères; le plus grand nombre des Oulad Ghazi habitent des maisons.

Sous-fractions: les Ahel bou Ammala, originaires des Beni bou Saïd; les Oulad el Bali, de même origine; les Ahel Tizi et les Ziamba venus d’une même tribu du Rif, mais qui se sont séparés par la suite; El Mekakra, certains les disent Beqia, on croit aussi que leur ancêtre serait venu d’Achouraq chez les Msirda du territoire de Marnia, il n’aurait d’ailleurs pas été originaire de cette tribu, mais de l’Ouest du Maroc; ouchanen, ils seraient cheurfa édrissites venus de l’Ouest; les oulad mongar, comprenant trois sous-fractions d’origines différentes: les Hamamouchen, originaires des Beni Khellouf( Beni Mengouch), les Ahel Kelâa, originaires des Beni Koulal, et les Ikhezzanen, dont l’ancêtre était un homme des Guelaya, joueur de Zamar.

Beni Mengouch.- Cette tribu aurait été formée par une fraction des Beni Resoughen, branche des Beni Toudjin, qui étaient eux-mêmes une ramification des Beni Badin, du groupe des Zénètes Beni ouacine. Les Beni Mengouch habitaient sur les bords du chélif, au sud de l’ouarensenis; ils seraient sans doute restés dans la montagne, en 1250, lorsqu’ils suivirent Yarmoracene, qui fut battu vers Taza par les Merinides. Les Beni Mengouch actuels comprennent des éléments d’origines diverses, mais en majeure partie de race berbère; ils forment le groupe du Nord généralement connu sous le nom d’Oulad Ali ou Ammas, et le groupe du sud, lequel se subdivise en Beni Marissen Dekhala ou Ahel Sefrou, Beni Marissen Barraiine( Bessara et Beni Mimoun ) et Beni Khellouf.

1° Oulad Ali ou Ammas.- les principales fractions sont les Beni Ouaklane, d’origine berbère; les Ahel Khellad, qui seraient venus de Figuig au commencement du XVIII° siècle, on trouve avec eux les Oulad Harrou qui seraient Beqia; les Beni Abdallah, originaires des Oulad Amor de la rive gauche de l’oued Za, une de leurs sous-fractions serait également formée de Beqia; les Oulad bou Ghenem, certains supposent qu’ils sont arrivée du Rif et appartiendraient à la famille berbère des Beni Toudjin; les Ahel Teraret, ils seraient Berbère et originaires du ksar el Maiz de Figuig.

2° Ahel Sefrou.- Les Beni Marissen Dekhala seraient ainsi nommés depuis l’arrivée dans le pays, au commencement du XVIII° siècle, de quelques familles du Ksar de Sefrou des environs de Fès; ces familles étaient peu nombreuses. Les Ahel Sefrou sont très mélangés.

Sous-fractions: oulad ourrou, une partie proviendrait des Beqia et l’autre des Zekara: Oulad Salah, leur ancêtre serait venu du Sahel(littoral de l’Atlantique, vers le sud); Oulad Ben Aaïni, ils seraient cheurfa de la famille de Mouley Abdelkader et étaient auparavant fixés au Sahara; Oulad Sidi Ali el Bekkaye, originaires des Beni Oukil;

3° Bessara.- Sous-fractions: oulad el Bali, originaires des Ahel( arabes); Oulad Boudchich, parmi eux se trouvent quelques cheurfa venus du Sahara; Oulad Dira, quelques familles sont très anciennes dans le pays, mais le plus grand nombre sont issues de cheurfa de l’Est et de la descendance de Sidi Mohammed el Haouari; Oulad Aïssa, originaires du rif; Oulad el Hadj, certains sont cheurfa des Oulad Bou azza et les autres seraient Beqia;

4° Beni Mimoun.- Une de leurs fractions est formée de cheurfa originaires du Ksar Oudaghir à Figuig; les autres : Keracha, Oulad Moussi, Mouzzouren, Amranen, sont de race berbère et fixées depuis très longtemps dans la montagne;

5° Beni khellouf.- Sous-fractions: Zerazra, originaires du Sahel; Chemalla, originaires des Beni bou Saïd; Dar el Hamra, les uns sont de très anciens occupants de la Montagne et les autres sont originaires des Beni bou Yahi; Oulad Abd el Hak, venus de l’Est; Oulad Djaber, originaires des Beni bou Hamdoun; Oulad Moussi ou Mhammed, cheurfa venus des Beni bou Yahi; Kâaoucha, en partie originaire des Beni Hamlil et en partie des Guelaya; Chahalfa, ils descendraient de Zenati Khalifa. C’est un personnage légendaire qui se serait emparé du pays, dont il devint de maître tout puissant à l’époque où les gens n’étaient encore armés que de lances et de flèches: il serait arrivé suivi de sa tribu et aurait soutenu de nombreuse luttes contre les tribus arabes. La légende en fait un grand chef berbère, originaire des Aït Youssi du Maroc d’après les uns, des Zouaoua de Kabylie d’après les autres, certains disent même qu’il serait venu de Syrie. On trouve ensuite les Ahel Tinisane, originaires de l’Ouest du Maroc; les Bezzeghouden, sortis d’une tribu de l’Est, leur ancêtre serait Sidi Ali ben Zoura; les Oulad ben Tahar, cheurfa venus de l’Ouest, ils descendent de Mouley Abdesselam Bettiouene, ils seraient des Oulad Sidi Cheikh Gheraba.