2 -Note sur les Chorfas ldrissides a Béni
Khaled.
ANENEXE DE
MARTIMPREY DU KISS
NOTE
SUR LES CHORF AS IDRISSIDES EN TRIBUS BENI KHALED.
(
Annexe de Contole Civil de Martimprey du Kiss)
Presque
tous les chorfas que I’on rencontre dans les tribus Tarhjirt et Béni Drar prétendent
descendre de la familIe de Moulay IDRISS sans pouvoir toutefois fournir a
l'appui de leurs affirmations des preuves authentiques et d'arbres généalolgiques
remontant jusqu'au fondateur de la dynastie ldrisside. Certains
d'entre eux sont d'origine inconnue. Drautres sont détenteurs de documents qui
ne sont autres que des dahirs de Touqir et d'lhtiram, conférés par les sultans
de l'époque et les exonérant d'impóts et corvées, .Aucun de ces documents ne
fait mention de leur qualité de chorfas ldrissides et n'a par la suite été
renouvelé depuis Ie regne de Moulay HASSAN. C'est
en se fondant sur la possession de ces documents que leurs détenteurs se prétendant
chorfas descendants de Moulay ldriss .( Cf
. l'ouvrage d'lbn Zidane sur les chorfa Idrissides et Alaouites )
.
Il
n'est possible pour aucun d'entre eux de fixer avec quelque probabilté d'éxactitude
la date de leur installation dans les montagnes Iznasnies .
A- TribuTARHJIRT
I-INVENTAIRE
La
tribu Tarhjirt compte 19 groupements de chorfas ldrissides , mais 4 ou 5 d'entre
eux seulement ont joué un róle dans l'histoire locale de ce pays ou exercent
actuellement une certaine influence sur les populations . Les autres ne comptent
pratiquement pas. Simples fellahs , ils n'ont joué et ne jouent aucun role du
point de vue politique .li convient toutefois de remarquer que les Kourates de
douar sont souvent choisis parmi eux .
II-
ROLE POLITIQUE:
Ces groupements chorfas , de par leur qualité même , étaient a peu pres neutres et ne jouaient aucun role politique ,
n'exercant qu'une influence tres limitée sur la conduite des affaires des Béni Snassen .
Toutefois
, les plus importants d'entre eux , en raison de la forte personnalité de
certains de leurs membres, n'ont pas été sans intervenir d 'une facon décisive
dans les évenements essentiels qui ont marqué l'histoire des Béni Snassen,
telles la révolte du " Rogui ” contre Ie pouvoir central ( 1902 ) et
l'entrée des francais dans leur pays ( 1907 ) .
De
même leur attitude actuelle a l'égard de la puissane protectrice n'est pas
sans engager celle d'autres groupements éthniques sur lesquels ils conservent
peu ou prou , une certaine influence. Il n'est donc pas inutile de rappeIer
cette action et de caractériser cette attitude, celle -ci trouvant Ie plus
souvent dans celle-la son explication .
a)
Les Ouled Ben Othmane :
Ce
groupement comprend une soixantaine de familIes dont les pricipales sont les
Ouled Ben Dahmane, les Ouled
Saddoq et les Ouled Ben Qadraïne .leur ancêtre commun Sidi Mohammed el Houari,
originaire du pays de Figuig,
est enterré a Oran .
Certains de ses descendants sont demeurés en Algérie et c'est ainsi en
particulier que Hajj BOUCIF, President
de l'amicale des Algériens de la région d'Oujda I se trouve être un
cousin éloigné du caïd Si MEKKI.
Les Ouled Ben Othmane jouissaient des avant l'intervention francaise d'une
influence certaine dans les Béni Khaled du fait de la présence parmi eux, de
juriscosultes ayant exercé des fonctions dans la magistrature musulmane, tels
Ie fqih SID MOHAMMED BEN AHMED EL YACOUBI, aujourd'hui
décédé, qui apres avoir été Adel avant Ie regne de Moulay HASSAN, puis
cadi et enfin Amine des douanes et chargé des habous jusqu'a 1915, a
été nommé caïd de Tarhjirt jusqu'a sa mort en 1925, et qui en outre a su
donner dans une chronique un tableau vivant des événements et des hommes de
son temps .C'est un membre de cette familIe SI EL MEKKI, fils de SI MOHAMMED BEN
AHMED EL Y ACOUBI, qui actuellement caïd de la tribu des Tarhjirt et d'une
partie des Béni Mengouche du sud depuis 1925 .Grace a ses origines, ses qualités
personnelles, sa fonction et
ses alliances avec la familIe EL HEBIL, ce
chef marocain a acqui l'estime générale des milieux musulmans et européens de
Martimprey .Sans qu'il soit nécessaire de s'étendre plus longuement sur cette
personalité, il convient cependant de rappeIer son loyalisme -ainsi que celui
de ses fils a l'égard de la nation protectrice .
b)-
Les Ouled Ben Azza:
Ils
représentent sans doute le groupement de chorfas le plus important dans
les Béni Khaled, puisqu' ils comprennent plus de soixante familles dont les
Ouled Youssef ,les Ouled Snouci et les Ouled Ali Ben Dahmane, et parmi elles les
Ouled Jiali ( qui constituent une branche des Ouled Senouci ) d'ou sont issus
les fondateurs et dirigeants de la Zaouia indépendante El. Hebriya .
La légende raconte que Si ABDELLAH BEN AZZA ( il ya 8 ou 10 générations )
vint du Sahara pour faire ses études a Tlemcen aupres d 'un fqih réputé ,
Sidi MOHAMMED SENOUCI qui lui enseigna la science de la religion et dont le chef
spirituel était Sidi AFIF , chef d'une confrérie Soufia . Celui-ci apres son
instruction l'autorisa a partir et lui désigna pour résidence le territoire
des Béni Khaled et des Béni Mengouche ; il s'installa dans la vallée supérieure
de l'oued Bou Hafier ou il est enterré .L'histoire des Ouled Ben Azza se
confond avec celle de la Zaouia EL HABRIYA dont le fondateur -descendant de SIDI
ABDELLAH dans la branche des Ouled Senouci -est SIDI EL HAJJ MOHAMMED BEN AHMED
dit " EL HEBRI " .Apres avoir été initié au dhikr derkaoui par un
saint du Riff SIDI MOHAMMED KERKER, EL HEBRI fonda sa Zaouia a TARHIT ou il
meurt 2 ans avant l'occupation des Béni Snassen par les francais .Son fils ainé
SIDI MOHAMMED installe la zaouia a Drioua en bordure de l'oued Kiss .A sa mort
en 1940, son fils SIDI AHMED lui succede ; c'est lui
qui est actuellement a la tête de la zaouia , avec SI ALI , qu'il a , des 1947,
expréssément désigné pour lui succeder .
Le fondateur de la zaouia EL HEBRI a
laissé le souvenir d'une existance consacrée toute entiere au culte et a la dévotion,
a l' assistance aux malheureux et aux oprimés ...
Aucune
activité de caractere politique .Un seul membre de sa familIe BEN ABDELLAH
EL- MEIDOUB était un fervent partisan du Rogui : individu dangereux dont
les exploits néfastes sont encore rappelés dans les tribus de Marnia et de Nédroma,
il se réfugia en zone éspagnole lors de l'entrée des francais ; il y est mort
au cours d 'un combat sans avoir cessé de mener contre la France une active
propagande .Un de ses neveux , MEIDOUB qui s'était enfui avec lui serait
aujourd'hui capitaine dans l'armée éspagnole .
Son successeur SI MOHAMMED -ainsi que son fils Sidi AHMED et ses freres SI ABDELLAH et SI ABDLKADER - ont été internés durant la guerre en AIgérie ( a Aflou puis a Bóne ) en raison de leur attitude anti- francaise .Le cheikh actuel est un homme agé , malade , d'assez petite instruction même en matiere religieuse et d'intelligence lente et limitée : il jouit cependant en tribu Béni Khaled d'une incontestable autorité. La zone d'influence de la zaouia s'étend a la fois de part et d'autre de la frontiere algéro-marocaine , sur Ie Maroc Oriental ( Béni Snassen et Oujda ) et sur l'AIgérie Occidentale ( département d'Oran ) et en zone éspagnole .
Cette
zaouia , qui compte 4 chioukh et une centaine de moqaddemines dépendant du
cheikh El Hebri ( on peut évaluer a 100 Ie nombre de fouqaras dépendant en
moyenne de chaque moqaddeme ) est incontestablement la plus importante
de la région .Son rayonnement cependant semble décroitre .La succession
du vieux cheikh -des a présent ouverte en raison de son état de santé tres précaire
- semblait avoir été réglée définitivement par sa lettre en date du 21
aofit 1947, son fils alné , SI NOUREDDINE , actif et énergique , aux préoccupations
plus temporelles que spitituelles s'étant par gofit orienté vers les fonctions
Makhzen ( il est caïd des Meknassa depuis juin 1947 ,et a postulé Ie
commandement de Jerada qui lui permettrait de se rapprocher de la zaouia
paternelle dont il gere les intérêts matériels ) , la direction spirituelle
de l'ordre devait revenir selon la volonté du vieux cheikh , a SI ALI, frere
cadet du précédent,
La récente affaire de moeurs de Berkane dans
laquelle ce dernier a été impliqué, a soulevé parmi les fouqaras , une
certaine réticence a l'égard du successeur officiel de Sidi Ahmed et mis en
lumiere par contraste la dignité de la vie privée de Sidi ABDELLAH OULD EL-
HAJJ MOHAMMED qui par ailleurs posséderait les qualités nécessaires pour
prendre la succession spirituelle de la zaouia et parait avoir toujours joui d 'une
grande éstime de la part des adeptes , certains d'entre eux font remarquer que
Sidi ABDELLAH , oncle du cheikh actuel, mais plus jeune que lui, est un fils du
fondateur EL HEBRI " sans s'élever contre la décision du cheikh , ils
laissent entendre que sa succession pourrait être remise en question a l'heure
de sa mort et réglée par entente entre les grands moqaddemines au profit de
celui des membres de la familIe EL HEBRI qui serait a ce moment succeptible de
recueillir l'adhésion la plus large des fouqaras ,
La
place tenue dans les Ouled Ben Azza par la familIe El HEBRI ne doit cependant
pas faire oublier que d'autres descendants de Si ABDELLAH BEN AZZA réussissent
, par leur personnalité a exercer sur Ie plan local , une réelle influence ,
il s'agit en particulier, dans les Ouled SENOUCI, de MOULAY AHMED BEN LHOUCINE
et dans les Ouled Youssef de SI MOHAMMED BEL HAJJ
LAZZAOUI,
MOULA
Y AHMED BEN LHOUCINE , kourate du douar Ouled Senouci et même actuel adjoint ,
pour la fraction des Ouled ZaÏm , du vieux cheikh ALI OU AMAR est également Ie
représentant des tribus béni khaled a la chambre marocaine d'agriculture
d'Oujda , Cette fonction , ainsi que ses connaissances en matiere agricole et
ses qualités d 'intelligence et de
son bon sens, lui conferent
sur tous les fellahs de l'Annexe une autorité grandissante qu'il met au service
de la nation protectrice, son loyalisme et son dévouement a l'égard de notre
pays ayant eu l'occasion de se manifester lors des intrigues qui n'ont pas manqué
d'accompagner les élections aux postes de direction de la
compagnie dont -il est membre .
Si
MOHAMMED BEL HAJJ AZZAOUI moqaddem de la zaouia Kerzaziya a réussi a faire
reconnaitre sa suprématie religieuse a tous les autres moqaddimines locaux de
cette zaouia, de sorte qu'il
apparait vraiment comme Ie représentant du cheikh lui même aupres des Béni
Khaled . Installé pres du tombeau de SI ABDALLAH BEN AZZA, ce personnage bavard,
d 'intelligence médiocre, exerce une influence si réelle qu'il a réussi a
gagner a la zaouia dont il est Ie représentant des adeptes de la zaouia EL
HEBRI issue de cette endroit même .li semble que la France puisse également
compter sur son loyalisme .
En
regard de ces 2 personnages qui jouent un certain role sur Ie plan local,
la 3e branche des Ouled Ben Azza, les
Ouled Ali Ben Dahmane ne peuvent guere mettre en avant que Si LAKHDAR BEN
DAHMANE, dont on peut
seulement noter que deux de ses freres, BOULENOUAR et M'HAMMED ont accompagné
autrefois Ie cheikh SI AHMED dans son exil en Algérie .
c)
Les Ouled BOUTCHICHE :
Descendants
de Sidi ALI BOUTCHICHE dont Ie marabout se dresse en bordure de Ja cuvette de
Tarhjirt el Hofra ( douar Tarharrebt el fouaga ), les Ouled Boutchiche comptent dans cette annexe une
trentaine de familIes réparties entre les douars :
-Tarharrebt
el fouaga ( fraction Tarhjirt el Hofra ) .
-Tarharrebt thata ( fraction Tizi el Fouaga ) .
-Tizi
thata ( fraction
Tizi thata ).
C'est
sans aucun doute , du point de vue religieux,
Ie groupement de chorfas Ie plus important des Béni Khaled apres les
Ouled Ben Azza , etant a la tête
de 2 confréries relisieuses (Kadiria
et Ben Allioua ), qui exercent dans ces tribus une réelle influence : peut être
même est -il appelé a apprendre la 1ere place a raison de la personnalité ,
du dynamisme et de l'ambition de ses représentants actuels .
L'origine de la fortune des Boutchiche , qui n'a fait par la suite que grandir ,
remonte a SIDI MOKHTAR BOUTCHICHE, contemporain de l'émir ABDELKADER , ( ...)
-
SI EL MOKHTAR :
Contemporain
de l'émir Abdelkader aurait été désigné le pere de celui-ci El Hajj
Mahieddine, comme moqaddem
de l'ordre religieux des Kadiriya dont la zaouia mere se trouve a Baghdad en
Irak. Il installe sa zaouia a Qorchia ( Douar Tarharrebt el Fouaga, fraction
Tarhjirt el Hofra).
-EL
HAJJ MAHIEDDlNE,
Son fils lui succede dans cette fonctian et transporte la zaouia a Bouyahïen,
dans Ie douar Tarharrebt Thata ( Fraction Tizi el Fouaga) .
L'importance des Boutchichiyen, jusqu'alors modeste -
ils ne sant que de simples moqaddemines d'une confrérie etrangere -va
brusquement grandir avec Sidi MOKHTAR qui " cristallise " son influence religieuse dans
les Béni Snassen en proclamant la guerre sainte contre la France en 07 , au
moment de la venue de nos troupes dans I' Amalat Oujda .Réduit a l'impuissance
, capturé et interné a Marnia , il n'est remis en liberté qu'apres avoir
promis d'employer son influence religieuse au rétablissement de la paix dans
les Béni Snassen .Il tient sa
promesse, se consacre aux affaires de son ordre .dont – il proclame l'indépendance,
prend Ie tirte de cheikh et installe sa zaouia- devenue autonome -a Madagh
dans lesTriffas ou il meurt durant la premiere guerre mondiale .
Sa succession spirituelle est recueillie par un de ses fils Sidi EL MEKKl .
A la mort de celuici-ci , vers 1936, la direction de la zaouia passe a son fils
Sidi MOSTAFA, l'actuel chef religieux de la confrérie des Kadiriyne
.
-SIDI
MOSTAFA:
Homme
agé , d'une santé précaire, vit assez retiré a Martimprey même ( maison
construite en bordure du cimetiere musulman ) ou il s'est installé venant de
Madagh qu'il a quitté a la suite de la brouille l'opposant a son oncle SI
LABBES. Quoique entretenant de bons rapports avec l'autorité de contróle et
ayant en sa faveur un passé de loyalisme a l'égard de la France , Ie cheikh
SIDI MOSTAFA a pu paraltre parfois , en raison de son attitude équivoque a
l’egard des millieux nationalistes de Martimprey et de sa parenté avec l'un
de leurs dirigeants ( SEDDIK BEN DRISS
) , secrétaire et trésorier de la celluIe nationaliste locale) , comme un représentant
du " double jeu" , moins par conviction réelle peut-être que par
souci de maintenir son influence et par disposition d'un tempérement ennemi de
la violence .
Cette
influence qui , localement semble supérieure a celle du cheikh EL HEBRI ( SIDI
Mostafa compterait plus de 1000 fouqaras dans les tribus de l'annexe) s' étend
aussi quelque peu a la zone éspagnole et au département d 'Oran . Elle est
cependant en décroissance et cela parce que, en face de lui dans sa propre
familIe, faisant en quelque sorte figure dissident, SfDI
BOUMEDIENNE assure la direction d’une zaouia
rivale, celle de BEN ALLIOUA.
-SIDI
BOUMEDIENNE:
C'est
vers l'année 1930 que SIDI BOUMEDIENNE qui jusque la avait mené une existence
tres retirée, consacre sa toute entiere aux exercices de piété et aux aux études
coraniques dans la zaouia de son oncle SIDI EL MOKHTAR
( dont -il avait épousé une fille, Khadija
) rompt avec cette zaouia et se rend a Mostaghanem pour s'initier aupres du
cheikh BEN ALLIOUA au nouvel ordre religieux que celui – ci venait de
fonder et qui, rapidement, avait pris une certaine extention en bordure de la
frontiere algéro – marocaine.
Son initiative achevée, Ie
cheikh BEN ALLIOUA lui confere Ie pouvoir de recruter lui même des adhérents a
la confrérie .A sa mort, en 1933, SIDI BOUMEDIENNE se proclame chef de l'ordre
, cependant qu' a Mostaghanem la succession du cheikh est recueillie par EL HAJJ
ADDA , la confrérie se trouvant ainsi scindée en deux et installe sa zaouia a
Bouyahiyen ( une ancienne “ station " de la zaouia kadiriya ) ou il réside
encore actuellement , n'ayant cesser de travailler depuis a étendre son
influence spirituelle .Sa reputation d’ascétisme et de piété lui a fait
recueillir de nombreuses adhésions même chez les adeptes de SIDI MOSTAFA,
lequel , par suite, n'éprouve pas pour lui une nde sympathie et s'efforce de Ie
faire passer pour un rlatant et héritique au regard de la sounna .
Quoiqu'il en soit, l'influence religieuse de SIDI BOUMEDIENNE s'étend
aujourd'hui non seulement aux tribus IZNASNIES
, mais aussi aux tribus algériennes limitrophes .( Djebala -Béni Ouassine -Béni
Snouss- M'Sirda -Doui Ménia ) et a
la ville d'Oujda -(moqaddem a Martimprey SI EL YAMANI, frere du Caïd Si EL
MEKKI ) . II a gagné a son ordre les Boutchichiynes de Madagh et notamment
SIDI EL ABBES OULD SIDI ELMOKHTAB. oncle de SIDI MOSTAFA, nommément désigné
comme son adjoint .A l'heure actuelle Ie nombre de ses adeptes peut -être évaluée
a pres de mille .
Agé mais encore solide, il est le véritable élément dynamique des
Boutchichiynes et il est considéré dans les milieux musulmans de l'annexe
comme étant seul susceptible de rallier sous son autorité tous les adeptes de
SIDI MOSTAFA en cas de déces de celui-ci .Il réunirait alors sous son autorité
les deux confréries Qadiriya et Ben Allioua .li parait donc être actuellement
et pour Ie proche avenir , Ie chérif religieux des Béni Khaled représentant
Ie plus d'intérêt pour la cause francaise tant par son influence grandissante
que par son loyalisme que rien ne permet encore de mettre en doute .
Cependant , si l'on veut envisager a plus longue échéance l'avenir des Ouled
Boutchiche , c'est vers Si EL ABBES qu'il faut regarder .
-SI
EL ABBES OULD SIDI EL MOKHTAR
Oncle
de SIDI MOSTAFA et cousin de SIDI BOUMDIENNE est installé dans les Triffas a
Madagh ( Bureau du cercle de Berkane ) , Vice-président de la chambre marocaine
d'agriculture d'Oujda, il
paralt bien nous être favorable .Relativement évolué, ambitieux, apte
a jouer un role politique ( n'a-t-il pas posé sa candidature a la succession du
caïd DKHISSI ), il est
probable qu'il ne dédaignera pas de mettre au service de ses ambitions
politiques, son influence religieuse. Sa fonction de “ Khalifa “
aupres de SIDI BOUMEDIENNE , semble Ie designe pour recueillir un héritage
entierement rassemblé au prealable entre
les mains de celui-ci .
d)
LES OULED EL AALEM:
Déscendants
de SIDI ABDELKADER BEN MERIEM dont la qoubba s'éleve en tribu Béni Drar, dans
la fraction Ouled Mériem, au
lieu dit “Bouzoulay “, les Ouled El ALEM ( une vigntaine de familIe au total
) sont groupés dans une petite agglomération -visible de la route d'Oujda a
Martimprey -dite “Dechra des Ouled El AALEM “ située en tribu Tarhjirt -fraction
Ouled Bali -Douar Ouled Slimane.
(...)
SI ABDELKADER BEN MOHAMMED BEN AHMED MERIEM déscend des chorfas Béni Oukil (
Controle d'Oujda -Banlieue) .Doté d'un gout tres vif pour l’étude des
sciences coraniques, il séjourne
pendant plus de vingt années en Egypte -ou il compte parmi les éleves de l’université
d'EL AZHAR- et accomplit 7 fois Ie pélerinage de la Mecque.
De
retour a son pays natal, il acquiert rapidement, grace a son enseignement, a
sa piété et a sa baraka une certaine influence autour de lui, en particulier
sur les Béni Drar qui tribuent de nombreux miracles ( intervenant aupres de
Dieu en faveur d'un nommé Ahmed Tahar qui se désolait de n’avoir point
d'enfants, il lui fit avoir une postérité si nombreuse qu'elle forme
aujourd'hui la fraction des Ouled Tahr, la plus puissante des Béni Drar
; de la, la vénération les
habitants de cette fraction entourent Ie santon, sacrifiant chaque année un
taureau devant son mausolé ).
C' est l'un de ses nombreux fils qui est a l'origine des Ouled EL AALEM dont les
membres se sont exclusivement consacrés a l'étude des sciences coraniques.
Sans jamais dépasser Ie stade d'une notoriété toute locale, ils n'en ont pas moins acquis aux yeux des fellahs un
prestige qui leur confere une certaine influence en tribu et ils tiennent les
Mehkama de Martimprey et de Taourirt apres avoir perdu celle d'Oujda ( mutation
de Si M'Hammed a RhafsaÏ en 1948) .
Cette
familIe a toujours eu Ie souci de maintenir d'étroites relations avec les Ouled
Tahar sur lesquels ils s'appuient et en particulier avec la familIe dominante de
cette fraction celle des Ouled Bel Ghomar. (
une fille de Si Abdelmalek -petite fille de Si El Menouar -est mariée a un fils
de Moulay Bel Ghomari )
SI
EL MENOVAR, tres affaibli par l'age , n'a qu'une activité des plus restreinte
et son influence est a peu pres nulle , il se tient d'ailleurs a l'écart de
toute activité politique .A la mahkama même , Ie róle de premier plan est
tenu par SI ABDELLMALEK , ancien naib révoqué , aujourd'hui simple Adel mais
qui , affirmant une personnalité plus développée , jouit d 'une influence
locale plus grande. A
l'extérieur des Béni Khaled , l'influence de la familIe se maintient surtout
par SI M'HAMMED, l'actuel Cadi de Rhafsai .
En résumé, une familIe d'origine tres modeste, versée dans l'étude
traditionnelle des sciences coraniques qui -tres habilement - a su profiter de
son alliance avec les Ouled Tahar , pour s'élever progressivement, sans
cependant dépasser Ie stade de la notoriété locale ou régionale .
Néanmoins , par leur nombre , leur solidarité , les alliances qu'ils ont
contractées dans la région, l'extrémisme politique locale affiché par
certain d'entre eux ( SI M’HAMED , ex- cadi d'Oujda ) , ils ont déja acquis
une influence que naus aurians d'autant plus tart de négliger qu’elle naus
est parfois nettement hostile .
e)
LES OULED BEN HARANE
Descendants
de SIDI YAHIA BEN MOUSSA , dont Ie mousolé se dresse en bordure de Ia
cuvette de Tarhjirt el Hofra , les Ouled ben Harane comptent une trentaine de
familles , toutes groupées dans Ie douar du même nom, fraction Tarhjirt el
Hofra .
Si l'influnce de ces chorfa est aujourd'hui presque nulle (ne sont guere que des
fellahs) , ils n'en ont pas moins developpé , dans les années qui ont précédé
ou suivi notre penétration dans ce pays , une activité qu'il convient de
rappeler , car elle a été avec obstination dirigée contre nous. C’est Ie
cas en particulier de celle de MOHAMMED BEN
LAHSANE BEN TAHAR , qui , apres notre installation dans les Béni
Snassen , fut arrêté et transféré en AIgérie (pénitencier de Toudmit )
pour menées antifrancaises .
De retour dans Ie pays apres avoir bénificier d'une mesure de grace , il ne
tarde pas a reprendre sa propagande contre la france , et se réfugie finalement
en zone espagnole ou, pendant
la premiere guerre mondiale, il prend les armes contre nous, en se mettant au
service de l'Allemagne .Arrête a la fin de la guerre par les autorites
espagnoles et remis par elles aux autorites francaises , il se réfugie de
nouveau, quelques années apres, en zone espagnole, ou il se trouve encore
actuellement .C'est parmi les Ouled Ben Harane que les nationalistes locaux ont
recruté leur agent de liaison avec la zone espagnole Ie nommé SALAH OULD SI
AMAR .
III
-IMPORTANCE ECONOMIQUE :
La
plus part de ces chorfas ne sont que des fellahs ne disposant que de peu de
biens , Ie plus souvent en montagne , qu'ils cultivent selon les méthodes
traditionnelles de l'agriculture indigene .lis ne se distinguent ni socialement
ni économiquement de la masse des Béni Khaled au milieu desquels ils vivent .
Cependant , les groupements les plus influents dont nous avons vu précédemment
Ie role politique , ont également su acquérir une importance économique non négligeable
par laquelle ils affermissent Ie prestige dont ils jouissent en tribu .Chacune
de ces grandes familIes paralt même rechercher dans une activité tres déterminée
l'aisance matérielle propre a asseoir solidement leur autorité .
Les
Ouled Ben Othmane :
Se consacrent exclusivement au service de l'état : plusieurs sont -ou aspirent a devenir -officiers dans l'armée francaise ou administrateurs. Par ailleurs, demeurés attachés a la terre, ils s'efforcent d'en tirer Ie meilleur parti possible, quoique les résultats ne soient pas toujours tres heureux, suivant des methode modenes, mecanisations, plantations d'argumes et de vinges.
Les
Ouled Be Azza
Demeurent
davantage orientés vers la vie comtemplative , la zaouia dispose sans doute de
propriétés portantes mais aucun effort n'est fait pour les mettre en valeur (
l'installation de stations de pompage sur certaines de ces terres sises dans Ie
bureau du cercle de Berkane ne doit pas faire illusion ) .Aucun de ses membres
ne paraitrait d'ailleurs capable de réussir dans cette voie .Même Ie caïd
NOUREDDINE " l'homme d'action " qui a recherché les fonctions makhzen
ne semble pas tenté sérieusement de moderniser et de rajeunir la vieille
maison qui continue á sommeiller doucement .
Les
Ouled Boutchiche:
En
tant que personnages religieux, manifestent au meme degré ce souci exclusif des
valeurs spirituelles ( c'est cas notamment des deux cheikh SI MOSTAFA et SI BOUMEDIENNE,
bien que Ie premier ait tenté a plusieurs reprises d'obtenir un agrément de
transport) .Mais les autres membres de la familIes, qui ne sont point dépositaires
de la baraka et qui- d'ailleurs ont quitté leur tribu d'origine -semblent
attirés par Ie commerce. C'est
Ie cas notamment de SI EL YAMANI BOUTCHICHE, installé á Oujda , de SI
ABDELMALEK, á Casablanca, etc...
Les
Ouled El AALEM :
sont á peu pres exclusivement des jurisconsultes .On peut
noter toutefois que leurs cousins Hsasna ( sans doute descendants de HASSAN ,
autre fils de SI ABDELKADER BEN MERIEM ) semblent plutot attirés par des
activités pratiques ou ils réussissent .C'est les cas de EL MENOUAR EL
HASSANI, domicilié a Oujda mais propriétaire d'une exploitation agricole
sise dans les Béni Drar ( carrefour route no18 -piste d'Aïn Sfa ) qu'il gere
selon des méthodes modenes, et surtout El HAJJ SAID BEN AHMED EL HASSANI ,
ancien commercant et propriétaire a Martimprey , domicilié a Oujda depuis mars
1947 , en raison de ses liens de parenté avec la familIe du Cadi SI EL MENOUAR
et de sa situation de fortune , EL HAJJ SAID jouit d'une certaine influence en
tribu qu'il ne met pas toujours au service de notre pays : il parait en effet
favorable aux nationalistes auxquels appartiennent en tout cas ses trois fils
demeurant également a Oujda : SI ABDERRAHMANE , SI SLIMANE et SI MOHAMMED, ce
dernier refoulé a Martimprey du Kiss sur ordre de Mr Ie chef de région Ie 1er
avril1949 a été autorisé a retoumer a Oujda Ie 1er avril 1950 .( ...) .
1er juillet 1950
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